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lundi 7 janvier 2008
LE DAKAR EST ANNULÉ ET LAISSE 3000 PARTICIPANTS CHOQUÉS, LES RÊVES BRISSÉS...
Vendredi 4 janvier 2008. Bon, il est 21h05’ et je me décide à écrire… C’est dur, très dur et pour plein de raisons… Ce matin, je pensais qu’ASO allait sortir un lapin du chapeau comme toujours, un plan B, C ou D… On se dit, ce n’est pas possible, il y a trop d’enjeu…en jeu, et pourtant, quand, ce matin, au téléphone, David Casteu m’a annoncé que le Dakar était annulé et qu’il tenait l’information de l’organisation, là encore j’avais l’espoir que quelque chose allait se passer. Puis je suis parti voir sous la tente des vérifications administratives et là, les vigiles ne m’ont pas laissée entrer, me disant que cela fermait… C’était cuit, le 30e Dakar ne prendra pas son envol. Les concurrents ont commencé à affluer de toute part et se sont regroupés autour de la tente Red Bull… La consternation se lisait sur tous les visages, personne ne voulait y croire. Mais petit à petit nous avons tous bien dû admettre la chose, il n’y aura pas de Dakar 2008, il n’y aura plus de Dakar tout court car après un coup pareil qui irait encore organiser une course en Afrique… Pas de plan B non plus, le gouvernement français a dit Niet, vous ne partez pas, c’est tout !
Et voilà, 3000 mecs et nanas avec des rêves, des espoirs, des illusions plein la tête et puis plus rien… Nous sommes tous restés là, ensemble, comme les jours de grandes catastrophes, comme le jour où Fabrizio Meoni est monté au ciel chez les anges… Aujourd’hui, c’est le Dakar qui est mort. C’est moins grave, sans aucun doute, et quand nous aurons digéré ce cauchemar, nous repartirons tous ensemble ailleurs, sur un autre continent… En Amérique du Sud peut-être, mais en attendant, le Dakar, c’était notre continent de rêves et d’émotions. Et aujourd’hui, nous sommes tous orphelins et si ce n’est pas grave comme une vilaine maladie, nous revendiquons tous le droit d’être triste, d’avoir mal aux tripes, d’avoir envie de pleurer pour ces quinze jours que l’on allait passer ensemble, ces quinze jours de galères dans le vent de sable, sans confort mais avec de telles révélations humaines et de moments forts que seuls ceux qui y ont participé peuvent comprendre. Désolée de vous dire cela, à vous qui êtes restés à terre, mais là-bas, on vit vraiment des choses extraordinaires et c’est formidable.
Le Dakar c’était plein de choses mais le Dakar, c’est fini, alors adieu Afrique, on t’aime pourtant tous très fort. C’est dur pour nous mais nous pensons tous aussi aux Africains… Babakar, toi qui écris pour le quotidien le Soleil de Dakar et qui a vécu tant de Dakar avec nous, tu sais comment on l’aime ton Afrique !
Mais pour comprendre l’influence de la course sur l’Afrique, il faut avoir été sur les bords du Niger, un jour de janvier, dans un village éloigné de la ville par trois jours de pistes, et d’avoir passé un moment avec l’instituteur heureux de pouvoir parler le français et fier de nous recevoir puis de voir les étoiles briller dans les yeux des enfants qui regardaient passer les motos et les autos… Dérisoire diront certains jaloux… et pourtant ceux-là, quand ils étaient petits, allaient bien au cirque quand il passait un fois par an dans leur village… Alors ? Et bien l’Afrique, une fois par an, elle regardait passer le Dakar et elle était heureuse pour une année, avec des rêves et des souvenirs colorés plein la tête. Où était le mal ?
Maintenant, le Dakar ne passera plus par le Sahara ni par le Sahel… Bravo les terroristes, bravo la politique, c’est top ! Nous on a mal mais l’Afrique du Dakar doit se sentir bien abandonnée.
Puis, au fur et à mesure que les heures passent, nous réalisons tous le gouffre financier dans lesquels de nombreux teams ont plongé à l’annonce officielle de l’annulation de ce 30e Dakar… Tous, sans exception, nous avons laissé des plumes sur le parking du centre culturel de Belem… Qui un peu, qui beaucoup, qui beaucoup trop pour pouvoir se relever… Je pense à ceux qui ont hypothéqué leur maison pour réaliser un rêve d’enfant, aux autres qui, comme Pascal de Mecasystem, ont investi plus de 200 000 euros dans des camions et autres matériels, à mon copain Chaleco Lopez qui pour une fois avait une KTM usine, des sponsors, un manager, et était même payé pour courir ce Dakar qu’il aurait pu un jour gagner… Je pense aussi à mon autre pote Chilien, Jaime Prohens, qui a cherché des sponsors pendant un an pour couvrir les quelque 50000 euros nécessaires à cette aventure et s’était inscrit au Dakar pour la première fois, à des dizaines d’autres copains pilote ou team manager qui se sont donnés à fond pendant des mois et des mois pour vivre leur passion et aller au bout de leur rêve…
Le Dakar est mort, vive le Dakar ! Mais nos souvenirs, messieurs les terroristes, vous ne les aurez jamais et puis nous sommes de la races des teigneux, des passionnés, nous ne lâcheront pas et Etienne (Lavigne) t’as intérêt à vite nous proposer un autre rêve grandeur planète car nous ne te laisserons pas tranquille…
Merci à toute l’équipe ASO car vous avez gérer cette sacrée merde avec beaucoup d’humanité et nous sommes tous prêts pour repartir pour de nouvelles aventures… Hasta luego talvez ?
http://www.mototoutterrain.com/index.php5
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