SILK WAY RALLY : ÉTAPE 8

Turkmenbashi, Turkmenistan, le 12 septembre 2009

Vavavoum… badaboum !

Nasser Al Attiyah a perdu à moins de 100 kilomètres de l’arrivée de la spéciale sa place de leader du classement général. Son Race Touareg est parti en tonneaux au passage d’un oued, laissant ainsi Carlos Sainz prendre les commandes de la course. Il reste 24 kilomètres de spéciale à parcourir, puis une longue liaison jusqu’à Ashgabat avant la remise des prix !

L’étape de Turkmenbashi servira peut-être de référence dans toutes les écoles de rallye raid, au même titre que l’avant-dernière du Dakar 2003, où Stéphane Peterhansel avait perdu la course sur un choc avec une pierre égyptienne ; ou encore la 13ème étape du Dakar 2009, quand Carlos Sainz avait quitté la piste pour finir dans un « rio » argentin. Aujourd’hui, c’est Nasser Al Attiyah qui revisite la fable du lièvre et de la tortue, si souvent éprouvée en rallye raid. Au km 283 de la spéciale, celui qui n’avait pas quitté le commandement depuis la première étape en ligne a payé sa précipitation dans le franchissement d’un « rouslo », la version russe des « oueds » marocains. Le Race Touareg numéro 104 y est parti en tonneaux. La figure artistique sera sans conséquence physique pour Al Attiyah et son copilote Gottschalk. Mais en le privant d’une victoire à la veille de l’arrivée, l’accident pourrait saper le moral du nouveau venu chez VW… ou provoquer chez lui la remise en question d’un pilotage jugé trop extrême par beaucoup.

La fameuse tautologie sportive édictant que la course n’est pas terminée tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie a trouvé une nouvelle illustration. Carlos Sainz, qui n’avait commencé qu’hier à admettre l’inéluctable, ajoutait toutefois la formule convenue « si rien n’arrive à Nasser ». C’est naturellement lui qui bénéficie au premier chef des déboires d’Al Attiyah, en récupérant la tête du classement général. Le cadeau ainsi reçu tombe surtout comme une récompense de sa ténacité, Sainz n’ayant jamais cessé de provoquer son rival durant toute la semaine. C’est finalement à moins de 80 kilomètres de la dernière spéciale à risques qu’il prend les commandes du rallye. Il reste 24 kilomètres au « Matador » avant de parader en vainqueur devant les Présidents de Russie, du Kazakhstan, du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan réunis à Turkmenbashi demain matin pour féliciter les concurrents.

L’ordre du podium a été modifié, avec Mark Miller puis Giniel De Villiers en faire-valoir de Sainz. Du coup, la lutte pour la cinquième place s’est transformée en une course à la quatrième. Ruslan Misikov, parti avec 36 minutes d’avance sur son premier rival direct, Ilya Kuznetsov, avait également 4h13’ de retard sur Nasser Al Attiyah. Pour l’équipage, c’est donc une course contre-la-montre qui s’est engagée afin de placer, tout de même, les quatre Race Touareg au sommet du classement final. Mais avec une réparation de fortune, Al Attiyah a été contraint de sortir du tracé de la spéciale pour rejoindre le goudron, et l’arrivée. Pour cette coupe, il va être sanctionné par une lourde pénalité, qui fait bien sûr les affaires de Misikov.

Si les Kamaz ont momentanément été en position de monopoliser le podium du Silk Way, le trio qui se dégage finalement reflète plus sincèrement la réalité de la concurrence sur le plateau des camions. Venu en Russie avec des ambitions de victoire, Ales Loprais a connu trop de coups du sort dans la semaine pour espérer s’imposer. En signant le meilleur temps de la journée, il prouve que ses prétentions sont légitimes. Sa présence sur le podium final n’aurait donc rien d’usurpé. Gerard De Rooy, à qui il a manqué de la réussite par moments, a pu valider les choix faits dans la conception de son nouveau camion Iveco, en s’emparant au passage d’une deuxième place particulièrement chère au vu du casting de départ. Et Firdaus Kabirov, qui n’a guère été inquiété depuis les déboires de Vladimir Chagin, se dirige vers une victoire à domicile qui semblait impérative pour Kamaz.

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